Revue Spécialiséé Trimestrielle

La charte de manama Une feuille de route pour la culture populaire

Issue 20
La charte de manama Une feuille de route pour la culture populaire

La question de la culture populaire est liée à l’identité et à la personnalité spécifique de chaque nation du monde. Cette culture ne peut en effet qu’être un défi à tout ce que peut produire cette mondialisation dans laquelle notre planète s’est engagée et qui s’oriente à une vitesse toujours plus grande vers l’uniformisation de toutes les productions culturelles, selon un cheminement où toute marque de différentiation se trouve peu à peu gommée. 

Le choix qui fut le nôtre de proposer ce thème à l’examen et à la discussion, dans la cadre d’un colloque scientifique international, relève de notre attachement à l’identité des peuples et à l’authenticité des nations, mais aussi de notre souci d’appréhender, dans le même mouvement, à travers une perception approfondie, toutes les influences et innovations générées par la mondialisation ou par des processus similaires, dans ce monde entraîné dans une course vertigineuse.  Si les vieilles nations ont, de longue date et à tous les niveaux,  entouré leur culture populaire de toute la sollicitude qu’elle mérite, la plupart des pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ont pris un grand retard dans ce domaine sur le cortège des autres peuples et nations. Il en a résulté que la question de la culture populaire constitue, aujourd’hui, dans cette partie du monde, un sujet de préoccupation et continue à être négligée, en dépit des efforts qui y sont consacrés, ici ou là, et qui restent, dans l’ensemble, dispersés et peu organisés. De même, les expériences menées sur le terrain, dans le cadre arabe, pour réunir et étudier les matériaux du patrimoine populaire autant que les efforts visant à créer des centres spécialisés dans ce domaine ont-ils montré que l’on ne peut entièrement compter sur l’action des institutions officielles – lesquelles relèvent d’Etats le plus souvent accaparés par des tâches vitales en rapport avec l’enseignement ou la santé, pour ne pas parler de la faible prise de conscience du rôle à long terme de la culture populaire et de sa valeur, en tant qu’elle est une composante essentielle de la culture des peuples.  Il en découle qu’il est plus que jamais nécessaire de s’atteler à conforter les efforts des autorités officielles, où qu’elles interviennent, par ceux des institutions non gouvernementales qui se trouvent impliquées dans l’action à caractère artistique et scientifique menée à l’échelle mondiale au service de la culture populaire. C’est, d’ailleurs, dans ce cadre qu’ont été créées, au Royaume du Bahreïn, Les Archives de la Culture populaire pour les études, les recherches et les publications, et que la revue La Culture populaire a vu le jour et engagé une fructueuse coopération avec l’Organisation Internationale de l’Art Populaire (IOV).  Il est à cet égard du meilleur augure que le souhait de Sa Majesté le Roi Hamad bin Isa Al Khalifa, Souverain du Bahreïn, ait rencontré un profond écho auprès des institutions de la société civile qui ont affirmé leur volonté d’adresser, au nom du patrimoine populaire, un message du Bahreïn au reste du monde, puis concrétisé une telle volonté en accueillant, en 2007, le siège régional pour les pays du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de l’Organisation Internationale de l’Art Populaire, puis en se chargeant de financer la création des Archives, en tant qu’institution de la société civile, et la publication, à partir de 2008, de la revue La Culture populaire, dans les langues arabe, anglaise et française.  La coopération artistique et logistique avec l’Organisation Internationale de l’Art Populaire (IOV) a ouvert à cette Organisation de vastes perspectives dans les domaines de la recherche sur le monde arabe. De son côté, l’IOV a permis à La Culture populaire d’être diffusée, en tant que revue scientifique spécialisée, dans plus de 162 pays, à travers le monde. Nous voulons réitérer, ici, le souhait que cette collaboration continue à se renforcer et à s’élargir. Le haut niveau scientifique des participants au colloque sur La culture populaire et les défis de la mondialisation et la qualité des débats qui se sont déroulés dans un climat de liberté et d’ouverture sur tous les horizons, dans les trois salles du Centre culturel Isa de Manama, ont été à l’origine de l’exceptionnelle réussite de cette rencontre dont les travaux se sont achevés par l’adoption de La Charte de Manama pour la culture populaire 2012,  Charte que les spécialistes œuvrant  dans ce domaine considèrent comme un acte fondateur pour tout ce qui concerne les efforts déployés par les institutions non gouvernementales en soutien à l’action des autorités officielles au service de la culture populaire dans nos pays.  Quant à La Culture populaire, elle considère cette Charte comme une feuille de route dont la mise en œuvre coïncide avec la parution du présent numéro par lequel la revue entame, avec l’aide du Très-Haut, sa sixième année d’existence. 

 

Le Comité de rédaction

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