Revue Spécialiséé Trimestrielle

Etude Comparative Sur La Littérature Populaire - Un Exemple: La Poésie Nabatéenne Et La Poésie Des Atabas

Issue 12
Etude Comparative Sur La Littérature Populaire - Un Exemple: La Poésie Nabatéenne Et La Poésie Des Atabas

Abd Muhammed Barku (syrie)

Cette étude traite, dans une perspective comparatiste, des multiples aspects de la poésie nabatéenne et de la poésie des Atabas. S’agissant de littérature populaire arabe, ce travail, le premier du genre, tente non sans audace de franchir le mur invisible que les spécialistes ont dressé, en faisant du comparatisme littéraire une approche exclusivement réservée à des textes écrits dans deux langues différentes.

La langue de la poésie des Atabas est fluide, majestueuse, tout à la fois expressive et suggestive, d’une concision extrême et d’une grande musicalité. Le seul problème est que le lecteur y rencontre d’étranges vocables qui ne figurent dans aucun dictionnaire de la langue arabe, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils ne relèvent pas du registre linguistique arabe car il s’agit, à notre sens, de rémanences de l’ancienne langue hamitique.

La poésie nabatéenne, que l’on appelle aussi «poésie bédouine», est considérée comme une des plus anciennes du patrimoine arabe, mais aussi une des plus répandues. Pour la poésie des Atabas, elle s’est fondée, à l’instar des autres formes poétiques de la vallée de l’Euphrate, dès le départ, sur la création collective, et c’est celle-ci qui lui a assuré sa pérennité. Cette poésie est demeurée présente dans la parole, le cœur et la mémoire des hommes, et c’est ainsi qu’elle s’est transmise, de génération en génération, jusqu’à nos jours. Grâce à sa grande créativité, à sa spiritualité authentique, à la profondeur de ses conceptions, à l’élévation de ses desseins humanistes, elle constitue une des composantes importantes du patrimoine populaire arabe.

Les poésies nabatéenne et «atabéenne» ont de nombreuses caractéristiques communes qui les distinguent des autres formes poétiques qui se rencontrent dans la région arabe, en particulier l’enracinement dans le passé lointain, l’authenticité et la densité de l’expression. Ces deux traditions poétiques représentent la quintessence du génie populaire arabe qui puise son savoir et sa vision dans l’environnement social mais aussi dans le Coran, la poésie classique et l’héritage culturel populaire. Ces deux traditions poétiques portent témoignage des expériences humaines qui se sont accumulées à travers les âges et se distinguent par cette grande souplesse que leur a conférée la dynamique toujours recommencée de l’évolution à travers les siècles.

Poésie nabatéenne et «atabéenne» sont restées étroitement liées au vécu des deux peuples que l’une et l’autre ont restitué de la façon la plus sincère. Ces poésies se font en effet l’écho des réactions et des prises de position du groupe, face à des situations réelles, situations que les poètes ont connues dans leur propre environnement social. De même sont-elles la mémoire vivante du patrimoine mais aussi des heures glorieuses et des grandes réalisations du groupe, le mot étant pris, tantôt dans l’acception tribale du terme, tantôt – encore que de façon moins explicite – dans l’acception nationale, large ou étroite, tantôt dans une acception mixte. L’inspiration patriotique, nationale et islamique est tout aussi évidente, à notre époque, dans le poème nabatéen que dans le poème «atabéen».

Le lexique de la poésie nabatéenne et celui de la poésie «atabéenne» comportent un nombre important de termes communs, relevant aussi bien de l’arabe classique que de l’arabe dialectal ; certains termes sont, en revanche, propres à chacune des deux cultures, mais ils sont bien moins nombreux que ceux reçus en partage.

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