Revue Spécialiséé Trimestrielle

PARTICULARITÉS DE L’ESPACE URBAIN AU REGARD DES CHANGEMENTS SOCIOCULTURELS Étude de terrain sur les villages de montagne Le cas du Chenini de Tataouine

Issue 60
PARTICULARITÉS DE L’ESPACE URBAIN  AU REGARD DES CHANGEMENTS SOCIOCULTURELS Étude de terrain sur les villages de montagne Le cas du Chenini de Tataouine

Dr Ali El Mabrouk

L’étude porte sur les particularités de l’espace urbain au regard des changements socioculturels. Elle se base sur l’exemple du village de montagne de Chenini, qui se situe au Sud-est de la Tunisie. L’auteur a essayé d’étudier la vie quotidienne dans ce village, sous ses différentes formes et modes d’organisation, en s’arrêtant sur le style architectural et les méthodes de construction des bâtiments, en tant que ces derniers représentent un patrimoine matériel reflétant l’identité culturelle des individus et mettant en avant ses caractéristiques ethnologiques essentielles. Les communautés locales ont en effet réussi à relever les défis du relief de façon à les mettre au service de l’invention et de la production de types d’habitations spécifiques qui répondent au mieux aux exigences du quotidien.

L’étude anthropologique de ce type d’architecture a permis à l’auteur de saisir les principaux indicateurs du rapport singulier de l’homme à son environnement. Son approche s’est fondée sur une fréquentation personnelle de l’espace villageois qui lui permis de mettre en évidence les spécificités morphologiques et les techniques architecturales de cet habitat troglodyte. Certains aspects des représentations mentales liées aux particularités de la culture berbère et du génie du lieu ont également été mises en valeur dans le cadre de cette enquête.

Les changements socioculturels des villages de montagne offrent un vaste domaine à la recherche anthropologique axée sur l’étude de la vie quotidienne des individus au sein de l’environnement social. Ils mettent en lumière le réseau des relations nouées dans cet espace et l’organisation des pratiques économiques et sociales, tout en ouvrant sur une connaissance plus approfondie des constantes et variables de cette réalité urbaine. Partant de l’étude d’exemples concrets, l’auteur se propose d’en étudier certaines particularités. L’enquête sur le terrain lui a notamment permis de comprendre l’enracinement des habitants de ce type de village dans leur espace géographique, enracinement qui remonte aux époques les plus lointaines et a pu se perpétuer en dépit de changements dont la nature et le rapport à l’Histoire n’ont cessé de varier. La recherche anthropologique sur le lien qui unit l’homme à ces villages de montagne vient confirmer la cohérence des rapports au sein de l’ethnie concernée mais aussi l’attachement des hommes à leur héritage et à leur identité culturelle dans des domaines qui touchent au dialecte, à l’habit, aux productions artisanales, à l’architecture... Grâce aux acquis liés à leur enracinement, les différents milieux sociaux ont pu s’adapter à la réalité géographique, relever les défis de la nature et en tirer profit d’une manière où se révèlent cette intelligence et cette ingéniosité qui ont permis à ces communautés vivant dans l’isolement d’inventer une culture montagnarde unique en son genre par laquelle elles ont affronté sur de longues périodes les aléas de l’histoire et de la géographie.

L’auteur essaie dans cette étude de mettre en lumière les principales particularités socioculturelles qui distinguent les habitants de ce village de montagne, d’abord en mettant l’accent sur son site géographique exceptionnel, sur les significations de son nom, Chenini, puis en enquêtant sur les origines ethnologiques des habitants dans lesquelles il a découvert autant d’indices révélateurs qui facilitent la compréhension des spécificités de l’urbanisme et des représentations liées à l’habitat. Pour mener à bien ce travail, il a estimé nécessaire de s’arrêter sur le substrat théorique qui donne accès à l’approche anthropologique nécessaire à l’étude de l’habitat, en général, et de la mentalité qui s’y révèle, en particulier. Dans une deuxième étape, il a pu saisir au plus près la structure morphologique des grottes afin de comprendre, à la dernière étape, la nature de l’enracinement des habitations dans la mentalité de ceux qui s’y logent et mieux en interroger les tenants, les aboutissants et la symbolique, dans le cadre d’une tentative de déconstruction du contexte culturel et social des montagnards de ce village, le Chenini de Tataouine.

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