Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES MUSÉES CONSACRÉS AU PATRIMOINE POPULAIRE DANS LES RÉGIONS OASIENNES DU MAROC De l’initiative à l’impact sur le développement

Issue 57
LES MUSÉES CONSACRÉS AU PATRIMOINE POPULAIRE  DANS LES RÉGIONS OASIENNES DU MAROC De l’initiative à l’impact sur le développement

Radhouane Khedid

Écrivain marocain spécialiste en anthropologie et en muséologie 

Centre des études et recherches en patrimoine maroco-portugais

Al Jadida. Maroc

L’étude vise à faire connaître le monde des musées oasiens en vue de contribuer à rationaliser les approches dans ce domaine et de permettre à ces institutions de participer encore davantage à la préservation de la mémoire et du patrimoine des communautés locales. L’auteur espère que son travail constituera une première plateforme scientifique propre à améliorer la capacité des musées ‘’identitaires’’ à participer à la transmission la plus efficace des acquis et expériences originelles, d’une génération à l’autre. Il espère en outre que ce travail constituera un appel à développer les moyens mis en œuvre pour valoriser l’héritage local dans ses deux volets matériel et immatériel, ce qui ne peut qu’avoir un impact encore plus grand sur la vie des populations locales et sur le patrimoine lui-même.

L’un des objectifs fondamentaux de l’étude est de contribuer à soutenir et à orienter les initiatives culturelles concernant les oasis et autres zones similaires au Maroc. Bien des personnes profondément attachées au patrimoine local mais aussi de nombreux collectionneurs passionnés par les pièces anciennes œuvrent aujourd’hui à la création d’espaces à caractère muséologique. Leurs initiatives sont révélatrices d’au moins deux aspirations fondamentales. Premièrement : permettre aux populations locales de s’approprier en totalité et de valoriser les éléments de leur identité en leur assurant un emplacement qui les inscrive dans la vie présente plutôt que de les laisser prisonniers du passé, chose d’autant plus nécessaire que de telles initiatives surviennent dans un contexte où le projet institutionnel officiel brille largement par son absence, là où devrait s’imposer une  politique culturelle équilibrée rejetant toute forme d’isolement et capable de démocratiser le droit au musée. Deuxièmement : répondre aux besoins de ces musées en matière d’accompagnement scientifique et pratique, sans que soit pour autant confisqué le droit des communautés à faire valoir l’idée qu’ils se font de leur identité et de la gestion de leurs symboles en accord avec leur dynamique propre. 

Le musée, institution culturelle moderne, a un dénominateur commun avec l’héritage culturel matériel et immatériel des oasis : c’est la nécessité d’assurer la conservation de ce patrimoine dont l’une des significations est la lutte contre le temps et l’oubli. On ne s’étonnera pas, de ce point de vue, de voir se développer dans les régions sahariennes et présahariennes, mais aussi dans les zones oasiennes et sur ce qui ressemble à leur périphérie une prise de conscience muséologique en gestation, en même temps que des initiatives visant à collecter et à exposer des pièces rares ainsi que des objets artistiques ou artisanaux et d’autres productions relevant du patrimoine local. De telles initiatives muséologiques qui s’étendent au Maroc, par exemple tout au long des Dorsales orientales et méridionales de la chaîne de l’Atlas, ont donné naissance à des musées ‘’identitaires’’ qui se caractérisent certes par la présence de certains éléments et l’absence d’autres, mais dont le plus bel acquis est sans doute leur appartenance à leurs communautés et le fait qu’ils constituent une réponse à l’échelon local à un ou plusieurs besoins culturels, sociaux et économiques.

L’auteur s’est efforcé à travers ce travail de mettre en lumière ces initiatives muséologiques ‘’identitaires’’. Il a également tenté d’ouvrir certaines pistes de réflexion pour en améliorer le fonctionnement et renforcer leur impact sur le développement local dans les oasis, de sorte à faire de ces musées locaux autant d’institutions éducatives et culturelles œuvrant au service de la société et capables de contribuer à sa promotion et à la sauvegarde de sa mémoire, en conformité avec les directives du Conseil mondial des musées, l’ICOM, mais aussi avec les législations nationales et les chartes internationales relatives à la protection du patrimoine naturel et culturel, matériel et immatériel.

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