LA CULTURE NATIONALE DU BAHREÏN DE LA PRÉPARATION À LA MOBILISATION
Issue 55
Avec la parution du présent numéro de LA CULTURE POPULAIRE, revue scientifique, trimestrielle et soumise à arbitrage, nous atteignons déjà la deuxième livraison de la quatorzième année de cette publication, avançant toujours d’un pas sûr et toujours animés des mêmes convictions intellectuelles qui nous ont permis de surmonter les multiples problèmes techniques et logistiques tout autant que les difficultés liées à la spécialisation scientifique. De telles difficultés font en effet habituellement obstacle, dans nos pays arabes, à la pérennité des publications exclusivement consacrées à la culture, surtout en cette ère du numérique où les ouvrages paraissant sur support papier se trouvent, quelles qu’en soient l’orientation ou l’importance de leurs thématiques, confrontés à des difficultés de tout ordre, toutes liées à la disponibilité d’une matière spécialisée de haut niveau, riche et attractive. Peu nombreux sont en effet les travaux intellectuels suffisamment profonds et novateurs pour se dégager de la grande masse des productions redondantes qui ne peuvent s’élever à la hauteur de réalisations dont la rigueur et les profondes analyses constituent de véritables avancées dans le champ du savoir. À toutes ces entraves, il s’ajoute aujourd’hui les multiples sollicitations entre lesquelles le lecteur se trouve tiraillé de toutes parts, rendant encore plus ardue la tâche de lui faire parvenir la matière imprimée.
Nous restons, néanmoins, attachés à la publication sur support papier de cette revue, malgré le coût élevé des travaux d’impression, des colis postaux et du transport aérien vers plus de 163 pays à travers le monde. Nous le restons, oui, alors même que le contenu de la revue est également diffusé en six langues sur son site électronique qui s’enorgueillit de la visite de centaines de milliers d’internautes du monde entier, car nous sommes convaincus que le lecteur de cette publication a toujours besoin de tenir le volume dans sa main et de s’assurer de sa matérialité.
L’intransigeance avec laquelle le comité scientifique procède à l’arbitrage des matières proposées à la publication a permis à LA CULTURE POPULAIRE de s’imposer en tant que référence arabe d’importance pour les chercheurs opérant dans son domaine de spécialité. C’est ainsi qu’il a atteint un haut niveau de crédibilité auprès l’observatoire des Facteurs d’impact et des citations référencées arabes (Arcif). À ceci s’ajoutent les sollicitations formulées par de nombreux instituts, universités et centres de recherche à travers le monde qui demandent à ce que les matières de la Revue figurent sur les liens vers leurs bases de données, de sorte à être accessibles à tous ceux qui le souhaitent. Une publication arabe spécialisée n’aurait pu prétendre à un tel statut sans les efforts déployés par les savants, chercheurs et écrivains avec lesquels la revue entretient une étroite collaboration. Il importe ici de saluer la continuité des rapports de coopération que nous entretenons avec l’Organisation internationale de l’art populaire (IOV), et qui ont permis à cette publication de toucher savants et créateurs de les pays membres de l’Organisation et d’établir des liens avec ces éminentes personnalités.
S’agissant maintenant des préoccupations qui furent à l’origine de ce projet et qui tournent autour de la nécessité de répondre d’urgence aux besoins en études et recherches approfondies de la culture nationale bahreïnie, LA CULTURE POPULAIRE a tenu à assumer une part de la responsabilité qui lui incombait. En collaboration avec l’éminente université de Bahreïn et sous la direction de Mme le Dr Zhia Al Kaabi, Professeur de narratologie et de critique littéraire moderne, la première équipe de collecte sur le terrain a été créée en 2008, avec la participation de cent collecteurs parmi les étudiantes et étudiants de la licence de langue et littérature arabes. Ceux-ci ont été chargés d’effectuer sur le terrain un dépouillement collectif global au niveau des villes et villages de Bahreïn en vue de recueillir et de documenter les contes populaires du Royaume. Dix années ont été nécessaires pour exécuter cette tâche, et la collecte a donné lieu à une fort élégante publication en cinq volumes qui furent distribués sur une large échelle. LA CULTURE POPULAIRE a ensuite poursuivi l’impression et la publication de onze ouvrages dans ce domaine de spécialité, dont l’un, qui portait sur la musique populaire de Bahreïn, a paru en langue française, à Paris. Ces différents ouvrages ont figuré dans les principales foires du livre organisées annuellement dans certaines capitales arabes.
Mais d’autres réalisations se devaient d’être également accomplies qui ne l’ont pas été pour des raisons objectives indépendantes de notre volonté. Nous étions en effet en bonne voie pour créer une équipe de collecte formée de professionnels travaillant à temps plein dans le but de réaliser les études périodiques sur le terrain dont la culture nationale bahreïnie avait besoin. Et de fait, nous avions fait venir en 2010 un ethnomusicologue arabe en vue d’effectuer une recherche de terrain sur l’art de la ‘ardha qui est l’un des principaux arts populaires authentiques de Bahreïn et du Golfe arabe, un art né dans le milieu continental et qui a essaimé à travers les différents milieux côtiers du Golfe au gré des migrations des tribus arabes vers ces régions. Ce chercheur a entamé les premiers contacts pour former son équipe et préparer la matière livresque nécessaire lorsque survinrent les événements néfastes du printemps noir de l’année 2011 qui eurent pour conséquence la suspension de cette entreprise jusqu’à une date indéterminée. Un autre projet fut lancé à la même époque en vue d’une étude sur ‘’Les salutations populaires à Bahreïn’’, mais le travail ne fut jamais achevé et le projet est toujours en attente.
La culture nationale bahreïnie dont certains affluents importants sont encore non exploités a un urgent besoin d’études et de recherches fondatrices et innovantes qui soient suffisamment nombreuses pour mettre au jour et analyser les principales composantes de cette riche province de la culture arabe à laquelle est consacré le projet de réforme mis en œuvre par Sa Majesté le Roi Hamad bin Isa Al Khalifa, souverain du Royaume de Bahreïn – que Dieu le garde et lui vienne en soutien –, qui a placé cette grande entreprise au premier rang de l’action menée au service de la promotion de la personnalité nationale.
La pérennité et la continuité du succès de nos efforts au service de la culture populaire arabe et de son interaction avec les autres cultures du monde ne sauraient être dissociées du leadership et de la vision à long terme de Sa Majesté qui ne cesse de nous combler de son soutien et de sa sollicitude.
C’est pourquoi nous demeurons constamment sur la brèche, toujours prêts et toujours mobilisés.
Puisse le Très-Haut guider nos pas.
Ali Abdalla Khalifa
Chef de la rédaction