Revue Spécialiséé Trimestrielle

MÉDECINE POPULAIRE ET MÉDECINE SACRÉE DANS LA CULTURE POPULAIRE ARABE Une lecture socio-anthropologique sur la force et le statut d’une pratique

Issue 53
MÉDECINE POPULAIRE ET MÉDECINE SACRÉE DANS LA CULTURE POPULAIRE ARABE Une lecture socio-anthropologique sur la force et le statut d’une pratique

Dr Ridha ben Tami

Maître de Conférences. Université de Tlemcen. Algérie

Que la médecine moderne ait atteint un degré de développement extrême ne signifie pas qu’elle ait éliminé toute forme de médecine populaire. Cette pratique reste en effet, avec son ancrage dans les traditions, pleinement inscrite dans la sensibilité arabe. On peut d’ailleurs remarquer que bien des catégories sociales continuent encore à se tourner vers les deux pratiques médicales, l’ancienne et la moderne, ce qui est confirmé par les études empiriques qui reconnaissent la pérennité de la médecine traditionnelle dans diverses formes de médication.

La médecine traditionnelle est partie intégrante de l’ancienne culture mondiale, il n’existe pas de ville ou de village dont elle soit absente. Cette pratique est enracinée au plus profond de l’histoire des hommes, mais c’est, en même temps, un champ où opère le référentiel religieux, culturel, voire psychologique. 

Tout autant que les autres manifestations humaines et sociales, la médecine traditionnelle constitue un terrain fertile pour les études et les recherches.   L’auteur tente dans ce travail d’aborder l’histoire de cette pratique dans les anciennes sociétés. Il se penche également sur la nature de cette pratique médicale à travers ses plus importantes approches et manifestations, mais aussi à travers les éléments conceptuels qui y sont liés, en plus du rôle du « guérisseur » – ou principal acteur – et du rapport que la médecine traditionnelle entretient avec le sacré.

La médecine traditionnelle naturelle constitue la branche qui organise les pratiques liées à la médication par les plantes en tant que première forme de la relation qui s’est nouée entre l’homme et le milieu naturel ou l’environnement dans lequel il vit. Cette relation comprend les réactions et les réponses immédiates de l’être humain qui cherche à soigner ses maladies grâce aux herbes et plantes médicinales. Ces gestes premiers ont facilité l’apparition des guérisseurs (Ard doctors) et des masseurs (Rub doctors). D’autres réactions et démarches curatives se sont également tournées vers le monde animal ainsi que vers les minéraux qui ont permis aux hommes, grâce leur long patrimoine expérimental, de développer leurs compétences en testant, à côté des plantes naturelles, bien d’autres matériaux disponibles dans leur environnement. 

La médecine populaire est l’une des parties constitutives du savoir populaire qui s’est accumulé au cours des âges et s’est perpétué en raison des liens que cette médecine entretient avec la nature et avec certaines conditions sociales. C’est une forme de médication assurée par des professionnels et des non-professionnels à travers le recours à certaines plantes et à des prélèvements effectués sur des animaux. 

Le savoir médical populaire que suppose le type de plantes utilisées comporte les pratiques liées à la médication par les plantes, pratiques résultant directement des rapports unissant les hommes à la nature ou à l’environnement dans lequel ils se meuvent. Entrent dans le cadre de ces rapports les réactions ou réponses précoces aux tentatives par lesquelles l’homme s’efforce de traiter des maladies au moyen des herbes et autres plantes naturelles à quoi s’ajoutent divers minéraux et organes internes ou externes d’animaux. 

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