Revue Spécialiséé Trimestrielle

L’IDENTITE MAROCAINE A TRAVERS LES CHANTS ET DANSES POPULAIRES

Issue 35
L’IDENTITE MAROCAINE A TRAVERS  LES CHANTS ET DANSES POPULAIRES

El Kabir El Dadissi
Maroc

Si l’on entend par « identité » l’ensemble des attributs constitutifs de la personne ou du groupe qui font que celle-ci ou celui-là sont toujours pareils à eux-mêmes, et que l’identité ressortit à l’ensemble des caractéristiques qui distinguent une chose d’une autre, un être humain ou un groupe d’un autre ; si l’on entend aussi par ce mot les éléments d’une entité en mouvement, d’un ensemble dynamique, l’un ou certains de ces éléments pouvant se manifester à tel moment de l’histoire et d’autres à tel autre moment – sachant qu’il s’agit de ces éléments communs qui font que le peuple ou le groupe se partagent une terre, une langue, une histoire, une civilisation, une culture, des us et des coutumes, des aspirations… –, le fait est que les chants, les danses et les airs populaires constituent au Maroc un élément important et un facteur déterminant de l’identité marocaine.


L’observateur le moins prévenu peut d’un simple regard sur ce tissu que forme la culture marocaine constater à quel point les composantes essentielles et secondaires de cette culture se manifestent dans les danses, les chansons et les mélodies populaires marocaines qui font de ce pays un cas unique parmi l’ensemble des pays arabes, musulmans, africains. Un pays « autre » par sa diversité, comparé au reste de la sphère arabe, islamique ou africaine, « autre » par la richesse et la variété de son héritage musical et chanté, lequel se diversifie, à son tour, selon les régions et les provinces, de sorte que l’art populaire marocain présente une mosaïque où se mêlent les apports de l’Afrique, du monde arabe, du Sahara, des Amazighs, de l’Islam, du Judaïsme, de l’Andalousie…, nous offrant ainsi un éventail de voix et de rythmes presque sans équivalent dans le monde. Cette diversité est telle que l’on pourrait presque dire que chaque province du pays a ses spécificités, en matière de chant et de danse, et que l’interaction de ces arts produit un type de chant marocain que l’Orientaux et les autres peuples du monde connaissent fort peu.
Chants et danses constituent en fait une expression artistique qui accompagne les Marocains dans leurs cérémonies privées (fêtes de mariage, de circoncision, de fiançailles…) aussi bien que publiques (fêtes religieuses, nationales…). Mais c’est à la société civile qu’est revenu, au cours des dernières années, le mérite  d’assumer la responsabilité de faire revivre certaines formes d’expression artistique héritées du passé, en veillant à organiser de nombreux festivals qui furent autant d’occasions pour amener les jeunes à œuvrer à la préservation du patrimoine marocain dans toute sa diversité afin d’en faire un levier pour impulser le tourisme dans chaque région du pays. Ces manifestations ont fait sortir des champs, des places de village, des demeures privées toute une panoplie de chansons afin de les présenter sur les scènes de théâtre et les planches des festivals. Elles ont même permis à quelques artistes de voyager à travers les continents pour présenter ces arts sur les scènes du monde.

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