LES FONDEMENTS THEORIQUES ET PRATIQUES DE L’EVOLUTION DE LA FORME DES METIERS A TISSER LE SADWU
Issue 34
Dr Ali Salah An-Najjadah
Le mot sadwu est un terme générique revêtant trois significations chez les habitants de la campagne koweïtienne ainsi que dans d’autres pays du Golfe. Il désigne de façon générale les tissages bruts du sadwu avant que ceux-ci ne prennent forme ; il désigne également – par métonymie – le métier posé à même le sol qui sert traditionnellement à tisser le sadwu ; il renvoie enfin à l’opération de tissage du sadwu.
Ce métier est l’un des plus connus et des plus importants dans le domaine de l’artisanat féminin. Il est exercé par les jeunes filles des tribus bédouines qui s’y emploient avec une adresse et une rigueur inégalables pour répondre aux multiples besoins individuels et familiaux, comme d’édifier ces « beit ech-ch’ar » (tentes en toile) où vivent les tribus du désert, ou de fabriquer les éléments nécessaires à l’ameublement et à la décoration de ces habitations. Le travail se fait, ici, sur un appareil simple appelé nawl es-sadwu (métier à tisser le sadwu), que l’on déploie horizontalement en le fixant par quatre tiges en bois dans le sable du désert.
Aujourd’hui que la plupart des habitants de la campagne koweïtienne se sont établis dans les villes et les banlieues et que les jeunes bédouines se sont pour la plupart dirigées vers les écoles et les lycées, à moins qu’elles n’aient pris des emplois dans des institutions publiques ou privées, le travail du sadwu s’est réduit comme peau de chagrin et se trouve menacé de disparition, d’autant plus que les fillettes et les jeunes filles éprouvent aujourd’hui de grandes difficultés à passer de longues heures à tisser dans une position assise qui leur occasionne de grandes douleurs dans différentes parties du corps. C’est d’ailleurs pour cette raison que des études et des expériences ont été menées en vue d’inventer de nouveaux modèles de métier à tisser propres à encourager les jeunes filles à revenir à cette profession, de sorte qu’une deuxième génération d’artisanes voie le jour, que les performances soient améliorées, que les artisanes restent plus longtemps en fonction, que soient allégées les douleurs physiques générées par ce type d’effort qui exige des jeunes ouvrières qu’elles passent de longues heures assises à même le sol, et qu’une nouvelle génération de tisseuses reprennent le flambeau et conservent ce patrimoine légué par les mères et les aïeules et qui est partie intégrante du patrimoine national koweïtien.
L’auteur essaie dans cette étude : 1) de définir la problématique et les tenants aboutissants de cette enquête ; 2) d’examiner les différents modèles de sadwu qui ont été conçus afin de faciliter le travail des tisseuses et de l’adapter aux exigences de la vie moderne ; 3) d’expliciter les fondements théoriques et pratiques de la construction d’un nawl (métier à tisser) vertical ; 4) de passer en revue les étapes par lesquelles sont passés l’invention et le développement de ce nouveau type de nawl ; 5) de donner un descriptif détaillé des différentes composantes de ce type de métier à tisser ; 6) d’expliquer le mode d’emploi de ce nawl vertical.