Revue Spécialiséé Trimestrielle

MAUSOLEES ET SANCTUAIRES DES SAINTS AU MAROC

Issue 33
MAUSOLEES ET SANCTUAIRES DES SAINTS AU MAROC

Ousrar Mustapha

On sait qu’il existe au Maroc un grand nombre de mausolées et de sanctuaires d’aouliyae (saints), et que certaines familles marocaines s’y rendent dans l’espoir de résoudre des problèmes liés à certains troubles psychologiques ou à des difficultés d’ordre social qui sont de nature à entraver le cours normal de leur existence. Ce mouvement ininterrompu des visiteurs qui hantent ces lieux n’a pas manqué d’interpeller nombre de sociologues et d’anthropologues qui se sont notamment intéressés aux origines et aux multiples prolongements de cette affluence que connaissent sanctuaires et mausolées. Leurs études ont, dans la plupart des cas, mis l’accent sur les formes de paganisme qui seraient à l’origine de la croyance aux saints, laquelle se rattacherait fondamentalement aux anciennes religions. En interrogeant l’étymologie du mot aouliyae, qui est le pluriel de ouali, on constate que ce mot, employé au singulier, recouvre diverses significations dérivant du sémantisme du voisinage, de la proximité. Pour le mausolée, il s’agit pour l’essentiel de l’endroit où le ouali (l’homme de bien, le saint) a été inhumé et qui est en général entouré d’un halo de sacralité, qui dépasse la vénération que cette figure  a pu susciter de son vivant. Telle est la raison pour laquelle les gens simples se rendent en foule sur les tombes et les mausolées de ces hautes figures, à la recherche de leur bénédiction et d’une solution à leurs problèmes. Des rites et des pratiques cultuelles se déroulent, en outre, sur ces lieux où les visiteurs organisent également des célébrations annuelles qui ont leur importance.

Le mausolée consiste pour l’essentiel en un tabout (boîte en bois) contenant le tombeau du ouali autour duquel gravitent les visiteurs avant de présenter leur offrande à ce sanctuaire. Cette offrande consiste en quelques bougies ou pièces de monnaie, mais certains apportent une verte parure brodée pour recouvrir le tabout, d’autres vont jusqu’à sacrifier un mouton ou un veau. De telles offrandes bénéficient à ceux qui veillent à la préservation de la sacralité du lieu. Ceux-ci se font fort de citer à chaque nouveau visiteur les vertus, les pouvoirs et les bienfaits spirituels du ouali,  agrémentant leur propose de contes et légendes ayant toujours la même fonction qui est de pérenniser la sainteté et la solennité du lieu. C’est pourquoi l’on voit qu’à chaque ouali sont prêtés de nombreux miracles et mérites exceptionnels propres à attirer les foules de visiteurs. Le mausolée constitue également une institution qui est en soi un refuge sûr où le visiteur trouve la paix intérieure qu’il recherche, dans la mesure où il regarde cet espace comme une enclave sécurisée et protectrice. Les hommes de Dieu ne sont-ils pas à l’abri du mal et n’offrent-ils pas un abri à ceux qui se trouvent dans leur voisinage ?

L’auteur a exploré dans cette étude les mécanismes par lesquels les mausolées et les sanctuaires continuent à remplir leurs fonctions curative et sociale. Pour essayer d’analyser scientifiquement les procédures thérapeutiques mises en œuvre il met l’accent sur les points suivants :

  1. L’apprentissage social et la croyance aux aouliyae et aux mausolées.
  2. La légende, le conte populaire et la bénédiction du ouali.
  3. La place et le rôle du mausolée dans la vie quotidienne.
  4. Le mausolée comme espace thérapeutique.
  5. Les modes traditionnels de psychothérapie et leurs équivalents scientifiques.

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