Revue Spécialiséé Trimestrielle

LA PROBLEMATIQUE DE LA CULTURE SAVANTE ET DE LA CULTURE ORGANIQUE DU PEUPLE  Pour un projet d’enseignement de la culture populaire au Maroc

Issue 33
LA PROBLEMATIQUE DE LA CULTURE SAVANTE  ET DE LA CULTURE ORGANIQUE DU PEUPLE  Pour un projet d’enseignement de la culture populaire au Maroc

Dr Mohamed Maarouf

Avant d’aborder la question du rapport entre culture populaire et culture savante  au Maroc, il faut parler de l’expérience de ce pays face à cette dualité, les chercheurs étrangers ayant bien plus tôt posé la question et montré l’importance de la culture populaire. Les chercheurs arabes ont, d’ailleurs, l’habitude de nourrir leur réflexion théorique et méthodologique des propositions avancées par leurs pairs occidentaux, dans leur effort pour penser, théoriser et faire connaître la culture occidentale. C’est pourquoi l’auteur a estimé nécessaire de consacrer l’essentiel de cette étude aux expériences que  les chercheurs occidentaux ont menées en la matière et aux conclusions qu’ils en ont tirées avant de développer, à la fin de son texte, une série d’interrogations qui pourraient servir à faire évoluer le débat autour de la problématique de l’enseignement de la culture organique du peuple dans les universités et les autres institutions scolaires marocaines.

            Les principaux axes de sa réflexion et les interrogations auxquelles il aboutit s’organisent comme suit :

  1. Le concept de culture: quelles définitions l’Europe a-t-elle données de la culture depuis le début du XIXe siècle ?
  2. Le concept de culture  populaire : comment le terme « populaire » a-t-il été défini ?
  3. Les théories relatives à une vision binaire de la culture ? : de quelle façon la culture a-t-elle été, sur le plan théorique, divisée en culture savante et culture populaire ?
  4. Des questions sont posées, à partir de là, sur le devenir de la politique culturelle et linguistique au Maroc, à la lumière de l’expérience européenne dans ce domaine, compte-tenu des insuffisances constatées au niveau des efforts tentés dans un passé récent et qui ont conduit, du point de vue de l’auteur, à un développement par trop timide, pour ne pas dire inexistant, pour contribuer au lancement de l’enseignement de la culture organique du peuple, au Maroc.

La réflexion montre que la culture populaire constitue une problématique ardue  qui exige un examen approfondi car la grande question qui se pose est la suivante : quel type d’identité culturelle et quelle forme de projet de citoyenneté voulons-nous établir au moyen de l’éducation et de l’enseignement ? Notre visée est-elle d’enraciner et de concrétiser le sentiment d’appartenance, ou de chercher à faire apparaître des formes de sujétion aux institutions en charge de l’autorité, ou, plutôt, à exprimer un élan de reconnaissance et de loyauté à l’égard de l’autorité patriarcale, ou, encore, à manifester un attachement au sol (au pays : jus soli) ou au groupe (le lien à la tribu : jus sanguinis) ? Comment le Maroc parviendra-t-il, au niveau institutionnel, à reconstruire une culture centrale capable de mobiliser l’ensemble des affluents organiques constitutifs de cette culture avec ses prolongements régionaux, amazighs et hassaniens ?  L’Etat dispose-t-il d’une assise scientifique suffisante pour affronter la problématique de l’enseignement de ces cultures ainsi que de la langue parlée, y compris l’amazigh, au niveau non seulement des universités mais aussi des écoles primaires et secondaires ?

Nous devons, en tout cas, rassurer les tenants d’un enseignement classique sur l’avenir de l’arabe littéral, et leur montrer que celui-ci demeure, face aux idiomes régionaux, la langue du Coran, de la Constitution et de l’administration publique, et que toute recherche sur ces idiomes ne peut qu’enrichir le dictionnaire de l’arabe coranique et en adapter les structures aux besoins et aux exigences de la société.

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