LA LITTERATURE POPULAIRE ET LES MUTATIONS CULTURELLES : UNE APPROCHE THEORIQUE
Issue 28
La culture populaire constitue désormais une nouvelle avancée et un champ d’études fécond dans le domaine des études culturelles et de la pensée postmoderne.
La culture populaire a contribué en tant que culture de masse à l’élimination de cette centralité de l’élitisme (la littérature pour les élites) qui a fort longtemps eu une place hégémonique dans les institutions universitaires occidentales. Le récepteur se trouve désormais placé devant un nouvel espace culturel où le marginal/populaire occupe une position de plus en plus axiale et se réapproprie son identité à travers son interaction avec les technologies de l’époque.
Le terme « populaire » (anglais : « popular/pop ») a trois emplois clairement définis :
1 – « Popular » signifie ce qui est apprécié et bénéficie de l’adhésion d’un grand nombre de personnes ;
2 – « Popular » met l’accent sur l’opposition entre « culture supérieure » et « culture populaire » ;
3 – « Popular » renvoie à la culture produite par les gens pour communiquer les uns avec les autres ;
mais cette troisième définition exige une contre-définition :
4 – « Popular » désigne ce qui est imposé par les médias aux gens, au nom de la logique commerciale.
Les technologies modernes ont instauré une mutation radicale de la position du récepteur vis-à-vis de la dualité élitiste/populaire. La réception ne se limitant plus à la condition – conjoncturelle et historique – que ce qui est élitiste est sacré, l’intérêt s’est porté sur la culture du quotidien, du marginal, du familier. Ainsi la culture populaire est devenue une culture pour les masses. Elle est présente dans les graffitis qui sont sur les murs, les livres sur CD, le cinéma populaire, la musique populaire (ou pop par opposition à la musique classique), les espaces ouverts (par opposition aux salles d’exposition), le sport – c’est la culture au quotidien s’adressant à l’immense majorité des gens.
Même si elles constituent un domaine de recherches séparé des deux processus social et politique, les études culturelles ne sont pas de simples études du fait culturel ; leur objectif central est la compréhension de la culture dans la totalité de ses formes composites et complexes, et l’analyse des contextes culturels et politiques dans le cadre de ce qui est manifeste par soi-même.
C’est pour cette raison que les études culturelles s’intéressent à la lecture des « catégories » dans les différents discours : culture populaire, culture des jeunes, culture rock, culture de masse, culture postmoderne, culture postcoloniale, culture de la mondialisation, culture de langue anglaise, culture noire, ainsi que les autres formes culturelles dans toute leur multiplicité. On peut considérer, à partir de là, que les écrits de Richard Hoggart, de Raymond Williams, d’A.B. Thomson, de Stuart Hull – qui se rattachent, tous, au Centre d’études culturelles modernes – constituent les textes fondateurs des études culturelles (cultural studies).
Youssef Mahmoud
Jordanie