Revue Spécialiséé Trimestrielle

LA CHASSE AU FAUCON CHEZ LES ARABES La fauconnerie : un patrimoine arabe authentique

Issue 17
LA CHASSE AU FAUCON CHEZ LES ARABES La fauconnerie :  un patrimoine arabe authentique

Safia Ahmed Al Zayed (Syrie)

Le faucon est un rapace puissant, pourvu d’une musculature ferme et harmonieuse et d’une paire d’ailes d’une envergure relativement importante. C’est un chasseur diurne. 

  On recense un seul type de faucon appelé palco. Son poids varie de 100 grammes, pour le nouveau-né, à deux kilogrammes, pour les faucons polaires les plus développés. L’une des caractéristiques de ce rapace est son bec court mais volumineux en proportion de la tête qui lui sert à déchirer sa proie et à la dévorer.

 

Les ornithologues ont relevé une spécificité anatomique chez les faucons : ces oiseaux disposent sur le bord tranchant de la partie supérieure de leur bec d’une dent qu’ils appellent « la dent proéminente » et qui s’adapte à un creux dans le bord tranchant inférieur du bec. Certains ornithologues estiment que cette dent permet au rapace, lorsqu’il se saisit de sa proie, de lui briser la colonne vertébrale dans la partie supérieure du cou.

Les faucons disposent d’ailes assez longues et presque entièrement couvertes de duvet ; ces ailes portent des plumes adaptées au vol dont les premières sont au nombre de dix pour chaque aile.

Le faucon est un chasseur habile et opportuniste. Il chasse de deux manières : il fond à toute vitesse sur sa proie à laquelle il porte un coup fatal ; ou bien il la poursuit dans le ciel jusqu’à ce qu’il puisse s’en saisir. Le faucon vole à grande vitesse : certains atteignent les 100 kilomètres à l’heure, et l’on a pu – chose incroyable – mesurer, dans certains cas, cette vitesse à bien plus de 320 kms/h à l’instant où le rapace fond sur sa proie.

Le faucon est un rapace très affectueux, resplendissant de bonheur, toujours fier de sa force. L’une de ses particularités les plus étranges est sa nuptialité qui prend la forme d’un véritable rituel. Le mâle commence en effet à voleter en poussant des cris caractéristiques, invitant du haut des rochers ou entre les branches d’un arbre la femelle à le rejoindre. Ensemble, ils se livrent à une sorte de danse des plus belles et des plus expressives. Le mâle esquisse ensuite un mouvement descendant en déployant les pattes vers le bas – semblable en cela à l’avion qui s’apprête à atterrir en sortant le train arrière – ; la femelle se positionne alors de manière à lui faire face en amorçant un vol ascendant, les pattes tendues vers l’avant, comme si elle se préparait à lui serrer la main. Le mâle poursuit sa descente, pattes toujours tendues vers le bas ; cela dure un moment, ils sont face à face, ils n’en finissent pas de descendre en se rapprochant progressivement, l’un de l’autre, jusqu’à ce que leurs griffes s’entremêlent et se confondent en un spectacle d’une merveilleuse beauté.

Le faucon n’incline généralement pas à « la polygamie », sauf dans le cas des oiseaux migrateurs qui se trouvent, à chaque migration, une nouvelle partenaire.

Lorsqu’un chasseur entre en possession d’un beau faucon, payé très cher, il ne dispose en général que d’un intervalle de deux ou trois semaines pour l’entraîner en prévision de la saison de migration des outardes ou de leur prochaine arrivée. Les yeux du rapace sont alors masqués selon une technique particulière : on enlève un cheveu de la queue d’un cheval que l’on fait passer à travers la paupière inférieure du faucon, on tire ensuite paupière et cheveu vers le haut pour les nouer en haut de la tête de l’oiseau. Les deux yeux restent ainsi fermés pendant quelques jours au cours desquels le chasseur ne quitte pas un instant le rapace, le portant avec lui et l’appelant par le nom qu’il lui a choisi. L’objectif de cet entraînement est d’apprivoiser l’oiseau sauvage, de l’entraîner à s’asseoir sur un perchoir, appelé minqala (littéralement : moyen de transport) et de l’habituer à reconnaître la voix de son entraîneur. Le cheveu du cheval est enlevé au bout de trois jours ; la première personne que l’oiseau voit sera l’homme dont il entendait la voix et qui aura gagné sa confiance au long de la période pendant laquelle il a été privé de la vue. Le chasseur lui donne alors à manger dans sa main, de manière à le mettre encore davantage en confiance.

Peu de temps après, l’oiseau est lâché de son perchoir et va voler quelques mètres pour se saisir de la nourriture qui lui est tendue, tout en restant attaché par une corde au gant de son entraîneur. Cette distance est augmentée graduellement jusqu’au moment où l’oiseau est relâché et peut voler en toute liberté. L’entraîneur commence, à ce moment-là, à susciter la tentation chez le rapace en lui présentant des ailes d’outarde qu’il aura conservées depuis la dernière saison de chasse afin de l’accoutumer au genre de proie qu’il veut chasser.

Le but de l’opération est d’entraîner l’oiseau à se saisir d’un certain type de proie. A la fin de la chasse, le faucon reçoit à manger un morceau de la proie, en récompense de sa réussite.

Les cibles principales dans ce type de chasse sont : l’outarde, la perdrix du désert, la petite gazelle, le lièvre, le pigeon couronné, le pigeon bleu, la caille, le tourtereau, le hérisson, la perdrix cendrée, etc.

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