Revue Spécialiséé Trimestrielle

LA GESTUELLE DANS LE RITE DU ZAR

Issue 13
LA GESTUELLE DANS LE RITE DU ZAR

Houssam Mohseb (Égypte)

Tous les peuples ont leurs rites qui représentent un type particulier de comportement pouvant servir de base pour comprendre la nature des hommes. Les rites ont à cet égard la même valeur que la langue qui est un système symbolique fondé sur des règles fixes, ils peuvent, par conséquent, être perçus comme un système symbolique de gestes et d’actions. Le rapport complexe autant que problématique entre langue et rites a historiquement jalonné les nombreuses tentatives d’explication du comportement rituel. On peut également percevoir les rites comme un moyen non verbal d’expression, fondé sur des symboles et dont le langage serait celui des mythes.

On peut tout aussi bien les considérer, sur la base des recherches fonctionnalistes, comme une forme de réponse adaptée aux deux milieux physique et social. Leur référentiel reste le système des croyances et ils ont un rapport étroit avec les arts.

Pour le zar on peut dire qu’il consiste en un ensemble de rites religieux exécutés sous la forme de danses et de jeux scéniques. Il s’agit en fait de danses populaires dont les mouvements se fondent sur l’interactivité avec le public. Ces danses accompagnent les différents cycles de la vie des hommes. Dans le monde entier, les tribus célèbrent en effet par la danse ces cycles que représentent « le mariage, la mort, la circoncision, la santé recouvrée après la  maladie … » L’un des buts thérapeutiques de ces danses et de leur dramaturgie est de chasser les mauvais esprits ou de guérir les âmes au moyen de transes pseudo hystériques ou de mouvements gymnastiques.

On peut classer les rites en deux types : les rites liés au renouvellement de la vie par la fécondité et la croissance et les rites de purification qui visent à purger la vie de l’individu de la culpabilité et des hallucinations. L’homme cherche en effet à effacer le temps sensible pour vivre, à travers de telles célébrations, dans un temps mythique. Nous pourrions, à partir de là, ranger le zar, en tant qu’exercice spirituel, dans la catégorie des rites purificatoires, dans la mesure où il s’agit d’une cérémonie reposant sur la danse, l’exacerbation des émotions et l’immolation des animaux pour se concilier les esprits supérieurs et les appeler à revenir.  

On pourrait également dire que le zar fait partie des exercices corporels qui mêlent à la médecine populaire, la musique, le chant et la prestation gestuelle qui a pour but de détendre le corps à travers la soumission aux djinns. Pour ce qui est de la fonctionnalité du zar, nous pouvons noter que cette pratique relève de ce qu’on appelle la médecine populaire et qu’elle constitue également un divertissement, puisque le zar a donné lieu à des représentations théâtrales en rapport avec le milieu social et de ses manifestations festives qui sont adaptées de façon artistique, comme ce fut le cas avec les spectacles folkloriques présentés par le Ballet du Caire sur la scène.

Le zar comprend en effet des rites d’une grande beauté, des mimiques et des mouvements de danse ainsi qu’une musique spécifique. S’il se libère de certains aspects négatifs il peut remplir une double fonction ludique et thérapeutique.
L’imaginaire populaire a joué un rôle dans la restauration de la fonction sociale du zar qui a périclité avant de réapparaître à travers une nouvelle image à forte connotation citadine.

Mais ce qui importe, selon l’auteur, c’est la signification qui se dégage des mouvements rythmiques et des émotions liés à l’accomplissement des rites du zar. La cérémonie renvoie en effet à des pratiques porteuses d’une symbolique particulière et que l’on peut appréhender comme des actes de communication non verbale reflétant tel ou tel état d’âme. Ces comportements peuvent également recouvrir des significations implicites, eu égard à la symbolique liée aux gestes de la danse et à la perception de toute la charge affective liée au climat dans lequel se déroule le rite, à travers ses manifestations matérielles, confortées par la foi en l’exercice et en son efficacité.

On notera, en outre, que les rites du zar constituent une forme d’expression de la subjectivité qui se reflète dans certaines pratiques par l’influence des danses populaires dont les mouvements se caractérisent par une vision subjective, perceptible à travers la gestuelle qui s’accomplit pour soi et pour la satisfaction du corps.

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