Revue Spécialiséé Trimestrielle

LA CHEVALERIE AUTHENTIQUE AU MAROC

Issue 10
LA CHEVALERIE AUTHENTIQUE AU MAROC

Sa présence a toujours été fortement marquée dans la civilisation universelle. En outre, le cavalier émérite a toujours été entouré d’une véritable aura qui a fait de lui un stimulant et un modèle à suivre, en tant qu’il est un symbole de vaillance, de grandeur et d’abnégation, comme ce fut le cas dans la civilisation grecque qui sacralisait ses chevaliers et ses héros. La civilisation arabe a elle aussi cultivé ces valeurs.

Ainsi, à l’époque antéislamique, les familles imposaient à leurs enfants d’apprendre les règles et les arts de la chevalerie. Les sociétés européennes ont, elles aussi, donné leurs lettres de noblesse à la chevalerie qui a acquis une place de premier plan, au cours du moyen-âge.

La chevalerie est une des institutions fondamentales de la société, elle est le produit des réalités et des évolutions de la vie sociale,et l’art équestre a été consacré par le respect et la considération voués aux chevaliers.

Les Marocains ont accordé une attention particulière à cet art, en tant qu’il est lié à la guerre et à la défense de la communauté, mais aussi en tant qu’il constitue une manifestation festive aux yeux des tribus marocaines. On comprend que tant d’ouvrages historiques traditionnels s’y soient intéressés, relayés par les écrits de la période coloniale qui ont consacré de longs développements aux cavaliers marocains dont l’adresse, en temps de guerre comme en temps de paix, n’a cessé d’être louée.

cette étude, examiner la chevalerie (ou l’art équestre), en tant que spectacle et manifestation festive. Le cheval a longtemps été parmi les familles bédouines le critère à l’aune duquel étaient mesurés la fortune autant que le prestige. De là est né ce climat de rivalité pour l’acquisition des meilleurs destriers, lesquels seront entourés des plus grands soins, un budget spécial étant alloué à leur entretien. Le but était de se distinguer au mîdan at tbourida (littéralement :

la place où l’on fait parler le baroud – la poudre), de sorte à faire briller l’éclat de la famille et de la tribu et de donner au clan l’occasion de parader en toute fierté.Cet intérêt pour le cheval et pour la tbourida n’est pas de l’ordre du jeu gratuit et ne date pas d’hier, il est le produit d’un ensemble de données historiques, et c’est pourquoi les cavaliers (ou chevaliers) des tribus marocaines sont restés fidèles à la voie tracée par leurs prédécesseurs : ne sont-ils pas les dépositaires de leur patrimoine autant qu’ils le sont de la gloire immortelle de leurs ancêtres.

Toutes ces données soulignent avec force l’importance du cheval, en temps de guerre comme en temps de paix, mais aussi le lien étroit qui unit l’homme au cheval, lequel constitue le moyen par lequel chacun manifestera sa fierté, quel que soit, par ailleurs, le prix à payer. Notons aussi que les chevaux ont toujours été un moyen de transport privilégié, eu égard a leur rapidité, un cheval pouvant parcourir n’importe quelle distance en deux fois moins de temps que tout autre animal de transport.

Pour autant que l’on se remette dans la réalité des temps anciens, dans cette région, on comprend combien il était vital pour la famille qu’il y eût un chevalier pour défendre ses femmes et ses enfants. Cet homme était toujours là, prêt à faire face à tous les périls, avec son cheval, à proximité, harnaché en vue de relever les défis. Une telle donnée n’est pas sans conférer une sorte de légitimité à l’image traditionnelle de la femme portant une lourde charge et marchant à côté de l’homme, monté, lui, sur son cheval : nulle autre considération n’intervient, ici, si ce n’est le déterminisme historique et social.

Allal Rakouk (Maroc)

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