Revue Spécialiséé Trimestrielle

LA SAHJA DE MAAN UNE MANIFESTATION REMARQUABLE DU CHANT POPULAIRE EN JORDANIE

Issue 46
LA SAHJA DE MAAN  UNE MANIFESTATION REMARQUABLE DU CHANT POPULAIRE EN JORDANIE

 

Abdallah el Lahsan

 

L’étude traite d’une chanson populaire typique de la Jordanie où elle est connue sous le nom de la sahja de Maan. Il s’agit d’un chant fondé sur une poésie populaire qui doit son nom à la danse folklorique dont il s’accompagne ainsi qu’à la ville de Maan (sud de la Jordanie) qui a donné naissance à cet art qui a fait sa célébrité.

L’auteur montre que la sahja est jouée dans les cérémonies et les festivités, avec la participation d’un groupe d’exécutants qui maîtrisent ce type de chant. Ceux-ci forment au milieu de la scène une ronde qui peut être scindée en deux et se transformer en deux arcs se tenant l’un en face de l’autre. Chacun de ces arcs est présidé par un poète qui s’avance et commence par la lecture d’un vers qu’il vient d’improviser en l’honneur des membres de son groupe, lesquels le reprennent après lui en le chantant. Ils observent alors un bref moment de silence pendant lequel le poète de l’autre groupe improvise à son tour un vers en réponse au premier, vers que les siens reprennent sous forme chantée. La joute est ainsi amorcée qui va se poursuivre pendant une partie de la nuit, la règle étant que la mélodie s’inscrive dans la continuité de la première entame du chant et que chaque participant à la ronde s’y plie. La performance est ponctuée par des applaudissements obéissant à une certaine régularité. On voit en même temps les chanteurs qui exécutent des pas de danse à un rythme tout aussi régulier, en harmonie avec la prosodie, la scansion et la mélodie du poème improvisé. Différents mouvements soulignent ces danses, notamment lorsque les danseurs se lèvent de concert, s’assoient à mi-chemin du deuxième arc, s’inclinent vers l’avant, se rassoient à croupetons, tout en applaudissant des deux mains, en tournant la tête à droite puis à gauche et en faisant bouger la tête. Une personne ou parfois plus viennent se tenir devant eux pour participer à tous les pas et mouvements qu’ils effectuent. Les membres de la famille pour qui cette cérémonie est organisée interagissent également avec les mots, les significations et le chant lui-même.

L’étude montre les différences qui se sont instaurées entre l’ancienne et la nouvelle sahja, en soulignant le recul du rôle du poète qui improvisait les vers. Un ensemble de récitants se sont en effet substitués à lui qui viennent déclamer des vers propres à la sahja qu’ils connaissent par cœur. Nous n’avons plus désormais d’aède inventant des vers en face d’un second qui surenchérit en obéissant aux mêmes rites et modalités d’exécution.

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