Revue Spécialiséé Trimestrielle

LA CÉLÉBRATION DE LA FEMME DANS LES REPLIS DU CONTE POPULAIRE

Issue 46
LA CÉLÉBRATION DE LA FEMME DANS LES REPLIS  DU CONTE POPULAIRE

Radhia Abderrahmane Abid

(Tunisie)

 

Tout intérêt porté au conte populaire, tant au plan de la conception que de la transmission, de la réception ou de l’étude, voire du remodelage, ne peut que servir à revivifier la mémoire des peuples et à préserver leur héritage culturel, lequel remonte habituellement à la nuit des temps et demeure vivace jusqu’à nos jours. Un tel intérêt a en outre montré qu’il s’agit là d’une matière portée par le sens autant qu’elle en est porteuse, et par cela même relevant de l’universel, mais aussi une matière qui est le support de multiples interprétations, liées aux finalités définies pour chacune des lectures de ce type de récit.

L’auteur y a, pour sa part, trouvé une inspiration pour une lecture propre à libérer la femme de l’image stéréotypée où elle a été enfermée depuis les âges les plus lointains. Cette image a en fait connu toute une évolution qui a fait que d’entité secondaire, négative et marginalisée au sein de la société la femme est passée au statut d’être agissant dans les divers domaines de la vie, qu’il s’agisse d’économie, de famille ou de relations sociales, un être de raison et d’organisation clairvoyante.

Quelle que soit la forme donnée à la célébration de la femme, le conte populaire ne tombe jamais dans les mêmes travers que les proverbes qui prennent la femme pour cible, par respect de cette logique qui ressortit à la réalité dont les récits, sous toutes leurs formes, se font l’écho, mais aussi parce que le conteur sait qu’une argumentation qui prend le contrepied des stéréotypes est toujours plus convaincante.

C’est dans ce contexte que l’on regarde avec fierté le conte populaire et le rôle qu’il a joué par le passé et qu’il continue, aujourd’hui encore, à jouer dans la reviviscence de l’enracinement culturel et éthique et la célébration de l’héritage littéraire à l’échelle des individus aussi bien que des communautés. On comprend dès lors la forte tendance à faire revivre sur les plans culturel et pédagogique le conte populaire dans les périodes où fleurissent les sciences, les informations et les technologies de la communication.

Mais la célébration de la femme dans les contes populaires ne peut, d’un côté, faire abstraction de l’homme, ni, d’un autre côté, passer sous silence la situation qui est la sienne, aujourd’hui. On pourrait, en effet, penser que, dans ce type de conte, l’aspiration de la femme au meilleur et son rêve de jouer un rôle de premier plan sont en eux-mêmes l’anticipation d’une dynamique qui se profilait depuis longtemps, celle qui devait la conduire à bâtir le destin que la femme a voulu et qu’elle œuvre d’arrache-pied à imposer et à faire accepter.

L’auteur souligne ces données sans aborder l’hypothèse que bien des inventions de notre temps sont inspirées de l’imaginaire qui nourrit les contes et légendes et, à un degré moindre, les contes populaires.

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