Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES ASPECTS ANDALOUS DE L’HABIT MAROCAIN

Issue 45
LES ASPECTS ANDALOUS DE L’HABIT MAROCAIN

Dr Guillermo Gusalbes Busto

Historien et orientaliste espagnol

Traduit par Idris El Jabrouni

 

L’étude attentive de certains mots mais aussi de certains habits en usage au Maroc, nous a convaincu que les uns et les autres sont d’origine ibérique. Le développement stupéfiant que l’urbanisme a connu en Andalousie témoigne en effet de l’efflorescence d’une civilisation qui fut rayonnante, policée et d’un grand raffinement, dans beaucoup de domaines.

Ibn Khaldoun écrit que les bédouins n’ont pas connu les habits cousus ou ajustés, et que les vêtements portés par les personnes appartenant aux classes inférieures et, plus généralement, par les ruraux étaient d’une grande simplicité. De leur côté, la plupart des Marocains vivant dans les villes étaient des exilés andalous. On s’étonnera d’autant moins de l’influence que ceux-ci exercèrent que l’Afrique du nord a connu un afflux ininterrompu de migrants provenant de la péninsule ibérique qui arrivaient souvent par légions entières, comme ce fut le cas lorsque le roi Ferdinand III reprit Séville, au lendemain de la chute de Grenade, ou lorsque les Morisques furent expulsés de la Péninsule, en 1609, et au cours des années qui suivirent.

On sait aussi que, dans certains cas, ces exilés n’étaient pas arrivés en grand nombre, mais c’est un fait que le passage et le mouvement des groupes et des individus s’étaient poursuivis sans interruption.

Ces Espagnols – juifs ou musulmans – ne se fixèrent pas dans les villages ou les zones rurales, où ils n’étaient pas les bienvenus, mais dans les foyers urbains les plus peuplés, à moins qu’ils n’aient, dans certains cas, créé de nouvelles villes, comme ils le firent au nord du Maroc en édifiant Chefchaouan ou en reconstruisant Tétouan.

Ils eurent, par ailleurs, un grand impact sur l’évolution politique du pays, et leur empreinte sur le plan artistique et architectural est indéniable. Il suffit pour s’en assurer de se promener dans les rues de la ville mérinide de Fez. Comment, dès lors, nier l’influence sociologique qu’ils eurent et qui s’étendit à la langue et à l’habit du pays ?

Les exemples présentés par l’auteur ne constituent à cet égard qu’un avant-goût de tout ce qui reste à inventorier dans ce domaine et dans d’autres domaines de l’historiographie marocaine dont les liens avec l’historiographie espagnole sont fort étroits.    

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