Revue Spécialiséé Trimestrielle

UN INSTITUT DU PATRIMOINE AU GOLFE ARABE SERVIR LA CULTURE… EDIFIER L’HOMME

Issue 43
 UN INSTITUT DU PATRIMOINE AU GOLFE ARABE SERVIR LA CULTURE… EDIFIER L’HOMME

Innombrables sont les hautes œuvres bâties par l’Etat du Koweït, mais on ne peut ne pas s’arrêter devant ces deux grandes réalisations : ‘’L’Institut supérieur des arts musicaux’’ et ‘’L’Institut supérieur des arts de la scène’’, qui ont marqué de leur empreinte le mouvement artistique dans l’ensemble de la région, en ouvrant leurs portes et en offrant de multiples facilités aux étudiants des pays du Golfe et du reste du monde arabe. 

Le Ministère koweïtien de l’information a recruté les meilleures compétences arabes spécialisées dans les deux domaines du théâtre et de la musique pour enseigner ces matières et administrer ces Instituts. Cet effort a conféré une nouvelle dynamique au mouvement théâtral et artistique dans cette partie du monde ; il a ouvert de nouveaux horizons au Koweït et aux Etats du Golfe arabe, ce qui a contribué à changer le regard de la société sur ces arts et à faire évoluer la perception, les idées, les ambitions et les aspirations des jeunes générations du Golfe.

Le Ministère bahreïni a, de son côté, dépêché ses élites parmi les diplômés de l’enseignement secondaire et les jeunes talents du pays pour faire des études dans ces institutions. Une nouvelle génération s’est ainsi formée dans les différents domaines des arts de la scène, ce qui a grandement contribué à l’essor du mouvement théâtral bahreïni. Certains se sont illustrés par des œuvres produites pour la scène, d’autres par des travaux de haute qualité pour la télévision ou le cinéma, d’autres encore par des compositions ou des performances musicales ou chantées. Beaucoup de ces étudiants ont, en outre, poursuivi leur cursus dans des  établissements réputés, hors du Koweït, afin d’aspirer aux plus hauts niveaux de spécialisation.

Qui observe les productions et le développement du mouvement théâtral au Koweït, et regarde la liste de ses célébrités et des nombreuses troupes de théâtre ou de musique  qui y ont fleuri ne peut qu’admirer le rôle essentiel joué par ces deux Instituts, tout au long de leur histoire, et de noter que ce rôle se poursuit, aujourd’hui encore, avec compétence et efficacité.

Il serait du meilleur augure que les responsables de l’information dans nos pays prennent conscience du fait que le travail dans le domaine qui est le leur est, nécessairement, tourné vers l’instantané, qu’il poursuit des objectifs appelés à devenir rapidement caducs, et qu’il constitue, de ce fait même, une machine qui broie tout sur son passage, sans laisser de trace sur le long terme. Il serait tout aussi important qu’ils voient que l’impact fondamental de l’action culturelle et éducative est, par contre, fait pour durer, et que, plus que tout autre, il porte la marque de l’efficacité et de la pérennité. C’est pour cette raison que l’institution koweïtienne de l’information a opté pour une démarche conjuguant le travail d’information qu’appelait le devenir de ce jeune Etat et une action culturelle et artistique de fond, démarche dont nous n’avons cessé de cueillir les fruits.

Aujourd’hui, c’est avec toute l’audace des pionniers, et avec la vision et la volonté politiques qu’impose le défi que l’Emirat de Sharjah – qui fait partie de l’Etat des Emirats Arabes Unis – a pris l’initiative de créer l’Institut du patrimoine de Sharjah, consacré à l’enseignement des sciences du folklore et des sciences annexes. Une telle réalisation s’inscrit dans le cadre d’une action officielle dévolue à l’héritage culturel local et mondial dont le but de donner à ce legs la place qui lui revient. Une telle institution est appelée à rayonner au-delà des frontières de cet Emirat et à toucher l’ensemble de la région.

De telles initiatives ne peuvent, il va de soi, réussir et durer sans être soutenues par une volonté politique, une planification scientifique et administrative rigoureuse et un appui financier propre à les pérenniser et à les mettre à l’abri des aléas. Il suffit à cet égard de suivre les efforts consentis par Son Altesse le Docteur Cheikh Sultan ibn Mohammed Al Qassimi, membre du Conseil Supérieur des Emirats Unis, Gouverneur de Sharjah, au service de la scène culturelle de l’Etat des Emirats et ailleurs, pour mesurer la place essentielle  qu’occupe le patrimoine en tant que valeur centrale autour de laquelle gravitent de près ou de loin les autres activités. Il suffit également d’observer l’évolution des festivités organisées annuellement dans le cadre des Journées du patrimoine de Sharjah, de penser à l’établissement sur un vaste espace d’un Village du patrimoine doté des services et des facilités les plus variées, de songer aussi à l’accueil du projet du Fonds du folklore arabe, à l’institution du Prix international de Sharjah du patrimoine culturel, à côté de bien d’autres festivals des arts populaires locaux et internationaux, et à l’ouverture à Sharjah de représentations d’Organisations non gouvernementales en charge de la culture populaire, telles que l’IOV, la CIOFF, l’ECOSOC, et d’autres, pour comprendre le rôle axial donné par Sharjah à l’héritage culturel.

La désignation d’une élite d’experts et spécialistes arabes avec pour mission d’œuvrer à élaborer des visions et des programmes et à définir un cursus d’enseignement et de formation propre à répondre aux ambitions de cet Institut du patrimoine qui vise à s’élever aux plus hautes marches de l’excellence académique, la désignation d’une telle élite placée sous la direction du Dr Abdulaziz Abdurrahman Al Muslim, Président dudit Institut, et sous le regard vigilant de Son Altesse le Gouverneur de Sharjah, ne peut qu’inscrire cette institution dans le sillage des plus anciens établissements qui ont éclaboussé de leur éclat l’ensemble de leur environnement.

Voilà comment on sert la cause de la culture… et voilà comment on édifie l’homme.

 

Ali Abdalla Khalifa

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